Les chemins des rêves et la poétique des ailes

Publié le par Noureddine Mhakkak

Le Courrier de Mantes - 14 mars 2007
- Regards sur la poésie du poète Jacques Thorin -

Chaque poète trouve son chemin vers le paradis souhaité des mots. Car en écrivant avec les mots, et en construisant des maisons des rêves, le poète veut que son écriture reste un signe marquant, ce n’est pas seulement dans sa vie culturelle personnelle, mais dans la vie culturelle de son pays, et pourquoi pas dans la vie culturelle universelle en général.

Le poète depuis toujours était, et il veut être, un voleur de lumière, un voleur du feu, tel Prométhée. Il veut être un homme voyant vers l’avenir, et vers un monde d’amour, un monde imaginaire plein de toute la beauté rêvée ou souhaitée par les autres, depuis le commencement de la vie.


Ainsi on trouve que le poète appelle son chemin propre, « un de la liberté »selon l’expression de notre poète Jacques Thorin. Ce poète qui a pu tracer son chemin poétique avec beaucoup de confiance en publiant ses livrets poétiques, l’un après l’autre, et en dessinant dans chacun d’eux « un printemps par petites touches de couleurs » selon sa parole même, dans son recueil de poèmes intitulé « Chemins et sentiers », dont nous présentons ici et là, une lecture libre sur ses thèmes majeurs et ses structures bien travaillés.

Dans ce recueil de poèmes, le poète fait une relation forte avec les choses de la nature. Il essaye avec un grand amour de les voir avec un œil visionnaire. Il les écoute attentivement, comme si elles sont prêtes, elles aussi, de lui offrir leur amitié. On le trouve, en plus, dès le commencement de ce recueil de poèmes, en train d’écouter la pierre, en attendant qu’elle lui raconte, ce n’est pas son histoire dans la vie, mais le secret de la vie elle-même. Lisons ensemble son poème qui prend comme titre le nom de la pierre :

« L’oreille contre la pierre
Je l’écoute …
Je l’écoute me raconter
Ce qu’est la vie
J’entends son cœur
J’entends sa chaleur
J’entends son pays
Je m’immerge dans ses pensées
Pour connaître sa terre
Et tous ses mystères
Pour savoir qui je mystères
Pour savoir qui je suis
Il suffit qu’elle me montre la voie
Celle qui est en moi. »

Certes le poète cherche à travers la parole intime de cette pierre, le chemin de la vie, celui qui se trouve en lui-même, qui se trouve dedans son âme, et qui a laissé ses traces dans son corps. Cette vie qui prend plusieurs couleurs, la plus belle d’elles, est celle d’un printemps qui annonce la beauté d’un très bel Eté. Ce printemps existe et n’existe pas, il se trouve entre deux mondes différents, celui de la réalité et celui de l’imaginaire. Un printemps qui est dessine par une plume poétique qui aime donner du sens à tout ce qui est beau, une plume qui appartient à un vrai poète, qui vit par la poésie et à travers elle, il construit son beau monde, le réel morceau par morceau, l’imaginaire mot par mot :

« Je dessine le printemps
Par petites touches de couleurs
Suivant le sens du courant
Qu’empruntent les joies de mon cœur. »

Avant même de dessiner ce beau printemps, notre poète et dès le début du jour, dès le commencement de la vie de tout être vivant, se réveille et voit le monde avec son cœur, avant même d’ouvrir son œil, en écoutant les chants magiques des oiseaux, des signes des bonheurs et des joies. C’est cela le vrai matin du poète. Le poète qui écoute la musique naturelle, la musique qui change le sens de la vie, car, comme a dit Paul Verlaine, la musique est avant toute chose. Suivons le chemin du poète à travers ces vers matinaux, très merveilleux :

« Je me suis réveillé tôt un matin
La terre étendait toute sa fraîcheur
Quand soudainement un oiseau minuscule
Qui semblait tout ridicule
Perché sur le rebord de la fenêtre
Chantait une chanson si belle, si insouciance
Qu’il enchanta tout mon être
De mille notes de réjouissances. »

Certes, aucun vrai poète ne peut résister devant la magie du chant d’un oiseau réel ou imaginaire, car le chant qui sorte du bec de ce merveilleux musicien, ne peut qu’être un chant fascinant, attirant et bouleversant même, des sentiments et des émotions. L’effet de ce chant va pénétrer dans le corps de notre poète, va pénétrer dans l’âme aussi, va être une partie de son être même. Lisons le témoignage de notre poète à partir de ces vers là :

« Lentement, tous mes ennuis ont commencé à glisser au loin
Il a chanté du rire et de l’amusement
Il a apporté vers le haut le soleil du matin
Que c’était bon de sentir l’émerveillement. »

Ainsi tout un changement positif qui a pu entrer dans le monde du poète, ce rêveur de la beauté et de l’amour, et qui a pu lui faire un grand plaisir, le plaisir de revoir le monde de nouveau de vivre son temps avec optimisme, de sortir de son lit et courir vers les paysages, en cherchant la vie, la vraie vie, celle des oiseaux libres, celle des rivières qui coulent à travers les champs, celle des poètes qui écrivent leurs poèmes en plein soleil :

« J’ai remué sous les couvertures
Voulant courir à l’aventure
J’ai rampé lentement hors du lit
Sans faire aucun bruit
J’ai fermé alors doucement la fenêtre
Une nouvelle journée venait de naître. »

Appelons un oiseau au monde de la poésie, cela veut dire que le poète essaye de devenir un être qui vole au dessus de sa terre, un être qui possède, comme cet oiseau même, des ailes pour partir à travers le ciel, à des espaces lointains où règne la solitude qui lui aide de créer des belles images poétiques.

Bien sûr, le mouvement de vol, donne, comme a dit Gaston Bachelard, tout de suite en une abstraction foudroyante, une image dynamique parfaite, achevée, totale. C’est pour cela que l’image d’oiseau, est une force soulevante qui éveille la nature entière. Cette nature pleine de mystères, où le poète veut découvrir, en parcourant les rivières et les forêts, en cherchant une beauté digne d’être vénérée, selon l’expression même de notre poète Jacques Thorin, lui-même.

« Dis-moi, mon ami
Toi, qui te promènes ainsi
Parcourant la terre
À la recherche de ses mystères
Parcourant les rivières et les forêts
Comme un solitaire
As-tu trouvé quelques personnes à aimer
Une beauté digne d’être vénérée
Je pense que oui
Car comme une étoile, tu souris à la vie. »

Dans un autre poème intitulé « Pierrot la lune », notre poète nous invite à rêver avec lui de la relation magique qui existe entre l’enfant Pierrot, le symbole du poète, et la lune, « le symbole de la foi qui réfléchit les vérités révélées, parce qu’elle est illuminée par le soleil et en reçoit toute sa force vitale. » selon le grand dictionnaire des symboles et des mythes de Nadia Julien. La relation est si forte entre le poète, le musicien orphique et la nature. Le poète depuis toujours a été fou du soleil, un amoureux de la lune, un grand rêveur des rivières et des paysages. Ainsi on va trouver que notre poète va construire, avec des mots simples mais profonds, avec un rythme poétique très raffiné, une histoire d’amour magique entre un poète et la lune, une histoire qui résume toute la sensibilité qui existe entre l’homme rêveur, l’enfant de tous les temps et les manifestations naturelles dont la lune était la plus belle d’elles.

Pour en finir, on peut dire que le voyage avec notre poète Jacques Thorin était beau et merveilleux, car il était un voyage plein de rêves, de beaux rêves.

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- Jacques Thorin : Chemins et sentiers, éd Mille Poètes LLC 2006.
Voir le site : www.mille-poetes.com
- Nadia Julien : Grand dictionnaire des symboles et des mythes, éd Marabout 1997.
- Gaston Bachelard : L’Air et les songes, éd José Corti 1943.
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par Noureddine Mhakkak
n_mhakkak@yahoo.fr

© Mille Poètes LLC
http://www.mille-poetes.com

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Publié dans Opinion

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