Une Tombe illuminée d'Elodie Hervé

Publié le par Wahid Bennani

Elodie Hervé
Elodie est née à Marseille le 28 mars 1989. Enfant, elle travaillait convenablement et obtenait la première place à chaque fois. Lorsqu’elle apprit à lire, elle se passionna pour ce nouveau moyen d’évasion, qui lui permettait tour à tour de devenir princesse, adulte ou simplement quelqu’un d’autre. Vint la dernière année du primaire, et avec elle les premiers rejets : on ne parle pas à la première de la classe, elle est trop coincée. Elodie trouva refuge dans les bras de ses parents mais aussi dans les livres qui devinrent pour elle une véritable libération.

Puis l’adolescence arriva, les premières amourettes aussi. Que dire sur ces quelques années ? Peut être que les déceptions qui la touchèrent lui donnèrent l’envie d’écrire. Cela devint pour elle, un moyen de laisser partir ses sentiments tout en gardant une trace d’elle-même.


Elle découvrit pendant cette période la photographie et le journalisme qui la passionnèrent. Cela réveilla en elle un désire de faire entendre sa voix. Seulement, de nature pessimiste, elle abandonna rapidement cette idée car elle s’aperçut qu’elle ne pourrait jamais changer le monde. Cette incapacité à faire entendre ses protestations, la révolta. De désillusions en mésaventures, de contrariétés en amertumes, elle perdit peu à peu le goût de la vie. Sa colère se dirigea alors contre elle-même, et elle finit par se mettre en danger plusieurs fois.

Ne voyant plus de lueur dans ce monde, elle abandonna celle de ces yeux et refusa toute aide. Bien sûr on l’écouta, on la conseilla, on l’aima mais elle ne voulait plus rien savoir. Elle s’enferma dans ses idées, dans sa solitude, dans ses écrits. Puis à force de lui montrer la douceur de la vie, elle finit par remettre peu à peu de la couleur dans sa tète et commença à entreprendre de nouveaux projets. Cette période fut longue et éprouvante pour tous. Avec elle, Elodie entraina de nombreuses personnes et en fit souffrir beaucoup d’autres.

Aujourd’hui avec ce premier recueil « Une Tombe illuminée » et la bac littéraire qui approche, elle prend un peu sa revanche sur elle-même et se prouve qu’elle peut malgré tout réussir à laisser une trace quelque part. La publication de ce livre, fut un admirable cadeau pour ces 18 ans. Maintenant que tout ceci est derrière elle, il faut avancer, grandir et s’épanouir.

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Wahid Bennani : Heureux de pouvoir interviewer l’auteur de « Une tombe illuminée ».

Elodie Hervé : Merci c’est gentil. Pour moi, c’est un rêve qui se réalise, et je le dois bien sûr à Guy, mais aussi à Liza.

Wahid.B : En effet, Guy est l’esprit de Mille-Poètes qui ressemble à celui de la lampe d’Aladin. (Sourire)

Elodie.H : (Sourire) Mon ego n’est pas encore assez démesuré pour que je me prenne déjà pour un génie.

Wahid.B : Pourquoi « Une tombe illuminée » ?

Elodie.H : Je voulais opposer l’absence de lumière, la noirceur, le désespoir à une lueur qui malgré tout persiste, continue à se battre et à faire entendre sa voix. Cette lumière même si elle est faible, on va pouvoir s’y accrocher pour remonter, et recommencer à vivre. Je souhaitais dire que même dans les endroits les plus inattendus, on continue à trouver cette étincelle de vie qui réside en chacun de nous. L’être humain est bizarrement fait parce que lorsqu’il désire tout abandonner, tout lâcher et s’évader, quelque part il s’oppose lui même à ses désirs, et continue à avancer. Je voulais par ce jeu de mots que les lecteurs se posent des questions et s’intéressent à ce que j’ai à exprimer. Je voulais surprendre également, donner aux lecteurs l’envie d’ouvrir mon recueil.

Un dernier point sur lequel je voudrais insister : la beauté dans le morbide. Lorsque j’ai écrit ce recueil j’étais dans une phase de ma vie où je voyais tout en noir. Pour moi une tombe représentait la plus remarquable chose qu’il puisse exister puisqu’elle symbolisait l’évasion totale, la fin et en même temps le renouveau. Elle représentait le début d’un voyage vers l’inconnu, vers le néant ?


Wahid.B : Une hypertrophie de la sensibilité ?

Elodie.H : … Peut être, je n’en sais rien. C’est ce qu’on me dit. (je sais que je ne dois pas poser de question, mais y répondre, mais pourquoi pensez vous cela ?)

Wahid.B : Car cela me fait penser au fameux Mal Du Siècle qui commença avec Chateaubriand au 18° siècle dans son « Le Génie du Christianisme » et où il était question de la Nullité de l’époque. Ceci engendra chez les écrivains ce sentiment de déséquilibre, d’échecs d’où ennui, désenchantement, mélancolie…

Elodie.H : C’est gentil de m’avoir répondu.

Wahid.B : Le recueil est divisé en deux parties. Si vous deviez les titrer que choisiriez-vous pour chaque partie ?

Elodie.H : Je n’ai aucun titre à donner à mes parties. Ce recueil regroupe des poèmes que j’ai écris sur deux ans. Chaque partie retrace une période de ma vie. Je dirais que la première est optimiste, calme ; et que dans la seconde on trouve une lente et douloureuse descente aux enfers. La seconde partie est beaucoup plus sombre, plus oppressante. On retrouve un peu l’opposition que j’ai mise dans le titre : la tombe et la lumière.

Pour la deuxième partie, je dirais peut être l’évasion… c’est difficile de trouver des titres parce qu’il s’agi d’une évolution, d’uns continuité. J’ai cherché à mettre mes poèmes dans un ordre précis pour qu’il raconte un peu une histoire, une progression.


Wahid.B : Donc la Lumière pour la première partie et la Tombe pour la deuxième. Ce n’était pas si difficile. (Sourire)

Elodie.H : Vu comme cela, c’est sûr (Sourire). Seulement ce ne sont pas des titres mais des idées directrices. De plus certains poèmes de la Partie I correspondent à la Tombe. C’est le cas par exemple pour « Angoisse ». Quant à la Partie II, certains peuvent être assimilés à la lumière comme « Imagine ». Mais il est vrai que le dernier poème donne le ton de cette seconde partie, et en même temps le ton de mon recueil. C’est ce qu’il reste quand on le referme -du moins je l’espère !-. (Sourire)

Wahid.B : On a l’habitude de voir les poètes poster sur Mille Poètes leurs poèmes ainsi qu’une petite présentation les concernant avant de publier un ouvrage. Pour vous ça a été l’inverse. (Sourire)

Elodie.H : Tout simplement parce que je ne connaissais pas du tout ce site avant, et que j’ai fait confiance à Liza. De plus je savais que si je ne l’avais pas posté pas tout de suite, j’aurai trouvé une bonne excuse pour ne jamais l’envoyer. Personne n’a jamais lu ce recueil. Bien sûr j’ai fait lire quelques poèmes à certaines personnes qui me sont proches, mais le recueil dans sa totalité, n’a jamais été lu. Je suppose que je voulais également qu’on le découvre complet et non pas poème par poème. Comme je l’ai dit plus tôt, il s’agit d’une continuité.

Wahid.B : Elodie Hervé est-elle timide ?

Elodie.H : Comme tout le monde je pense.
C’est juste que ce recueil est très personnel, et que habituellement je ne parle pas beaucoup de moi, voir pas du tout. (Sourire). Alors oui, sur ce point là je suis très pudique. Mais d’un autre côté, je n’ai pas peur de prendre la parole devant un groupe, même si je dois exposer une idée en totale contradiction avec ce qu’ils pensent.

Wahid.B : Si vous racontiez un peu ton histoire de cette première publication ?

Elodie.H : … J’ai terminé ce recueil il y a plus de deux ans. Depuis je cherchais une maison d’édition. Tous ceux à qui j’avais envoyé mon manuscrit l’ont refusé, ou alors ils me proposaient des prix beaucoup trop élevés. J’ai fini par baisser les bras, et je l’ai laissé dans un coin de ma chambre.

Et puis il y peu (début mars 2007) j’ai rencontré Liza, grâce à ma mère. Ma mère lui avait parlé de mon manuscrit et de mes écrits en général et Liza a accepté de m’aider. Elle m’a alors donné l’adresse du site, et j’ai envoyé mon recueil deux/trois jours plus tard. J’avais tellement peur qu’il soit refusé… Mais finalement non, et tant mieux !
Maintenant, j’attends impatiemment l’exemplaire de mon livre. Je ne l’ai pas relu depuis décembre 2004, c'est-à-dire depuis que je l’ai fini. D’ailleurs aucun de mes proches ne l’a lu, excepté mon père. Je m’y suis opposé à chaque fois.


Wahid-B : Vous vous êtes opposée à ce qu’on le lise avant sa parution ou bien était-ce pour une autre raison ?

Elodie.H : Ce recueil est vraiment personnel. Le faire lire à mes proches est quelque chose de difficile pour moi, parce qu’ils vont comprendre une partie de ma personnalité, et quelque part mes écrits vont les renvoyer à cette période difficile. Je ne voulais pas leur faire revivre ça, tout simplement parce que je voulais qu’avant ils puissent mettre de la distance entre les évènements et mes poèmes.

Un jour j’en ai lu un à une amie et elle a fondu en larmes en me demandant ce qu’elle pouvait faire pour moi et en me demandant pourquoi. Bref, je voulais éviter ce genre de réactions. De plus à cette époque, je ne voulais pas qu’on s’occupe de moi. Je souhaitais simplement qu’on me laisse dans un coin. Voilà. Je sais que lorsque ma mère lira ce recueil, ça va la faire beaucoup souffrir, mais maintenant elle peut au moins se dire que cette période est terminée.


Wahid.B : Y avez-vous pensé avant de le publier ou bien vous vous êtes dit :
« Qué séra séra ? » (Sourire)

Elodie.H : Oui bien évidemment. Comme je vous l’ai dit plutôt, cela faisait longtemps que je cherchais quelqu’un qui accepte mon manuscrit. Seulement au départ, je voulais le faire publier sous un pseudo, pas sous mon nom.

Wahid.B : Vint la dernière année du primaire et avec elle les premiers rejets. vous avez alors trouvé refuge dans les bras de vos parents et aussi dans les livres qui devinrent pour vous une véritable libération. Vous vous rappelez des titres ou des noms d’auteurs ?


Elodie.H : Oui j’ai commencé avec les récits fantastiques et merveilleux : Chair de Poule, les livres d’Anne Rice ; de Bram Stoker, tous ce qui touchait à la légende du Roi Arthur avec par exemple Marion Zimmer Bradley ou Les Chrétien de Troyes ; la saga A la Croisée des Mondes de Philip Pullman ; Maupassant… Puis j’ai découvert Tolkien et j’en suis immédiatement tombée amoureuse. C’est pourquoi j’ai lu la totalité de ses livres. C’était un univers dans lequel je pouvais m’imaginer sans peine. J’avais même écrit une histoire là-dessus.

Puis un peu plus tard, j’ai découvert V. Hugo, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, B. Vian, P. Eluard ainsi que les légendes celtes et bretonnes.

Après le lycée, j’ai appris à aimer Nietzche, Freud. Et maintenant je dévore les œuvres de Valérie Valère.

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Entrevue de Wahid Bennani
poemeencours@yahoo.fr

© Mille Poètes LLC
http://www.mille-poetes.com
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Publié dans Entrevues

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