Stéphane Chenevas-Paule côtoie les grands ...

Publié le par Abdelouahid Bennani

Stéphane Chenevas-Paule
Stéphane Chenevas-Paule a 31 ans. Il écrit depuis maintenant dix ans. Il dépose les mots sur des pages quadrillées.

Père de deux garçons en 2001 puis en 2004, marié en 2004, il a laissé de côté les vers qui en lui trépignaient. Puis au cours de ces dernières années, il a retrouvé sa plume et ses douces mélodies. Ce désir de voir cette troisième naissance rajeunir ses pensées, ce quatrième bonheur envahir ses journées était plus fort que tout. Il aime tant partager les vers qui découlent de ses émotions et de son imagination qu’après avoir taillé toutes ses plumes, il les a soigneusement rangé de manière à ce qu’ils ravissent « l’autre nous ». Salarié au sein d’une association humanitaire, ses pas vont et viennent sur des évènements aussi divers que variés.

Côtoyer les plus grands du spectacle vivant
Et espérer tout bas peut être décevant.



 

Abdelouahid Bennani : Bonsoir Stéphane Chenevas-Paule. Heureux de rencontrer l’auteur de « Côtoyer les plus grands ».

Stéphane Chenevas-Paule : Bonsoir, je suis ravi de vous rencontrer également et ravi que ce premier recueil soit publié. J’avoue que j’ai longtemps hésité avant de me lancer dans l’édition d’un recueil de poésie. Mais je n’ai pas voulu attendre plus longtemps alors, voici le premier.

A. Bennani : Dès les premières pages on tombe sur la préface qui n’est en fait que votre propre biographie écrite par vous-même. Pourquoi ne pas avoir sollicité qu’on vous en fasse une ?

S.C. Paule : Pour ce premier recueil, j’ai voulu me présenter personnellement car il aurait été difficile de réaliser une préface d’un auteur inconnu. Un second recueil est en préparation, je vous demanderai avec plaisir de réaliser une préface pour ce dernier.

A. Bennani : Ce sera avec plaisir, Stéphane. Seulement pour préfacer un ouvrage je demande, en retour, un exemplaire du dit ouvrage une fois imprimé.

S.C. Paule : Avec plaisir.

A. Bennani : «Côtoyer les plus grands », de quels grands s’agit-il ?

S.C. Paule : Les plus grands sont ceux qui, d’une manière ou d’une autre m’ont donné l’envie d’écrire. Que ce soit des poètes, des chanteurs, écrivains ou autres, ces grands ont été pour moi sources d’inspirations. Au travers d’une chanson, d’un texte ou d’une poésie, retenir une tournure de phrase, un sentiment, une pensée et la mélanger avec un vers lu la veille. D’une pièce de théâtre, retenir le héros et le fiancer avec la muse d’un grand poète.

A. Bennani : En effet, c’est grâce aux plus grands qu’on apprend des choses. Mais l’écrivain, ne doit-il pas avoir son propre style, ne point être influencé?

S.C. Paule : Dans un premier temps, le terme grand ne concerne pas simplement les grands auteurs. A mes yeux, « les plus grands » sont nombreux et je pense aussi que chacun de nous est influencé par quelqu’un ou quelque chose. Nous sommes tous imprégnés de choses agréables glanées par-ci par là.
Une chose nouvelle découle des mélanges de nos sensations et de nos sentiments, cette chose se trouve être « son propre style », Sa façon de décrire la vie, les sentiments... aucun plagiat ou « copier-coller », mais simplement le frisson de ses sens sur la plume qui est le fruit d’une croissance personnelle.

A. Bennani : Vous écrivez depuis dix ans et vous venez de publier un recueil d’une cinquantaine de pages. Vous écrivez très peu ?

S.C. Paule : Bien au contraire, je ne cesse pas d’écrire. Je vous l’ai dit, un second recueil est en préparation. Pour cette première édition, je ne savais pas très bien où j’allais, j’ai déjà réalisé quelques recueils mais non publiés, pour mes proches. J’aurais pu publier un recueil de 100 poésies mais certaines ne correspondaient pas à ce que mes vers étaient devenus. Alors, j’ai choisi de ne publier qu’une petite partie de ces textes. Plusieurs recueils devraient voir le jour dans les prochaines années.

Et pour être franc, avant de passer par le site des Mille-Poètes, j’ai envoyé mes textes à plusieurs maisons d’édition et une partie m’a répondue vouloir m’éditer mais ils me demandaient une somme assez importante pour le faire. Et comme je n’avais pas un gros budget, avec quelques conseils, j’ai choisi « Mille Poètes ».

Dans le second recueil en préparation, il y a plus de textes, plus de variations sur les styles, les thèmes.

A. Bennani : Pourriez-vous nous donner un aperçu du second recueil en préparation ?

S.C. Paule : Disons qu’il comprendra d’autres thèmes que ceux déjà abordés. Il y aura d’autres formes d’écriture également, quelques textes en prose aussi, ce second recueil devrait comporter au moins une cinquantaine de compositions :

« … Donne moi en un peu moi qui suis fatigué, souviens toi hier encore comme vite je courrai. J’aurai pu rattraper un troupeau de gazelles, distancer sans forcer un guépard apeuré. J’avais de ton envie, j’avais de tes idées, à la seconde près partageais tes pensées. Nos âmes étaient liées pareilles aux rimes plates et ta phrase d’après, je te la composai. Aujourd’hui je devine tes matins quotidiens, je suppose le soutien de mille Dieux bénéfiques. Je suis au moins certain car je le sens en moi rien ne terrassera la joie que tu possèdes. Je prédirai sans cesse la victoire de l’amour par batailles acharnées tel l’est ma passion et si je suis touché au cœur par une lance, j’absorberai le bois, le fer et l’adversaire car ce cœur est si rouge, si solide et si grand qu’on pourrait y loger trois cent mille combattants… »

A. Bennani : Dans un poème prosaïque le poète n’a-t-il pas beaucoup plus de liberté d’expression que dans un poème classique ?

S.C. Paule : Oui. Le fait de ne pas être tenu par le nombre de pieds et ne pas avoir à trouver la bonne terminaison d’un vers procure plus de liberté à l’auteur mais, je trouve plus intéressant de composer des poèmes à formes fixes où les vers doivent respecter des règles. La prose, comme la forme fixe offre au lecteur de merveilleuses musicalités. Et puis, dans certains textes en prose se cache des alexandrins également.

A. Bennani : J’avoue ne pas comprendre le motif qui illustre la couverture de votre recueil. Pourriez-vous nous expliquer ce que c’est ?

S.C. Paule : Un choix de l’éditeur. Après avoir envoyé ma biographie et la photo à « Mille Poètes », j’ai reçu la version pdf du livre.

A. Bennani : Et vous en pensez quoi ?

S.C. Paule : Que du bien… et que mon rêve était en train de se réaliser. Ecrire, c’est bien beau mais, je ne savais pas quoi faire de mes écrits. Lorsque j’ai vu la maquette de mon futur recueil, j’étais ravi, je voyais le bout du tunnel approcher sur mon écran.

A. Bennani : Quel fut votre sentiment en palpant votre premier recueil de poésies ?

S.C. Paule : Avoir entre les mains l’aboutissement de dix ans d’attente fut pour moi un réel bonheur, un soulagement, un apaisement aussi. Mon rêve se réalisait enfin, après avoir passé quelques temps sans trop savoir quoi faire de mes textes, je les tiens dans mes mains. Et je tiens également à souligner le travail réalisé par Mille Poètes qui est vraiment de bonne qualité. Je ferai de nouveau confiance à Guy Boulianne pour mon second recueil.

A. Bennani : À présent que vous avez reçu vos livres, qu’allez-vous en faire ? Les vendre, les donner en cadeau à vos amis et proches ?

S.C. Paule : Exactement. Mes amis avaient déjà commenté mes textes mais de les revoir dans un livre, ça les a épaté. De plus, je suis en train de démarcher quelques librairies et d’ici quelques temps j’essayerai de les diffuser plus largement. Je ne sais pas trop comment pour le moment. Mais, une chose est sûre, je ne m’arrêterais pas là.

A. Bennani : J’imagine que votre recueil a été lu par vos amis. Quels en sont les échos ?

S.C. Paule : Ils étaient très contents pour moi. Ils savaient combien c’était important d’arriver à éditer mes textes. Ils m’encouragent à continuer dans cette voie, c’est un peu grâce à eux que j’ai mis en route ce projet. Ma famille m’a également aidé à faire en sorte que cela aboutisse.

A. Bennani : « Un jour de rentrée ordinaire » est le titre du premier poème où vous parlez de votre fils de cinq ans et de la fierté d’être père. Ce fut un choix ou simplement un hasard ?

S.C. Paule : Ce fut un choix. Avoir un enfant était pour moi comme une évidence. Retransmettre ce qui m’a été inculqué. Partager ses découvertes, l’accompagner dans l’inconnu. Et d’ailleurs, ce choix a donné naissance à un deuxième enfant trois ans après.

A. Bennani : Je parlais du choix du poème et non de celui d’avoir un enfant. (sourire)

S.C. Paule : Ce n’est peut-être pas tout à fait un hasard. Le thème de l’enfance est souvent abordé dans ce recueil. Sûrement qu’en moi reste un fond d’enfance duquel s’évaporent en poésie mes sentiments. Et le fait d’avoir des enfants de 3 et 6 ans, l’un qui rentre en première année de maternelle et le second qui rentre en première année de primaire m’offre l’inspiration et influence très certainement ma manière d’écrire. J’aime mettre en avant les souvenirs d’hier et les désirs de demain. Ce premier recueil aurait pu avoir pour titre « un jour de rentrée ordinaire »

A. Bennani : On a l’habitude de dire que nous voyons l’image de notre enfance dans celle des nôtres. Qu’en pensez-vous ?

S.C. Paule : Être adulte, c’est se souvenir que l’on a été enfant. Difficile pour moi de ne pas m’imaginer en train de « franchir ce portail » lorsque je dépose mes enfants à l’école le matin, et puis, tout ce que j’ai vécu étant enfant, ce que me disaient mes parents, que je ne comprenais pas, c’est à moi de l’inculquer à mes enfants. Je suis encore imbibé de l’air frais des soirs d’été qui ont porté mon enfance. D’autres enfants jouent dans les squares maintenant, d’autres que moi.

A. Bennani : Dans le poème intitulé « Un espoir, simplement un espoir » vous parlez si bien de l’espoir du mendiant qui continue toujours à croire, malgré sa misère, en la générosité de l’Homme quand d’autres, et pour raison, ne voient en lui qu’un être égoïste de nature. Devrions-nous être des mendiants pour croire encore en l’Homme ?

S.C. Paule : L’espoir du sans domicile, qui ne mendie par forcément, n’est pas un espoir vain. L’Homme est mauvais, l’Homme est bon… mais, il faut y croire. Et nul besoin d’être un « mendiant » pour cela. Il suffit simplement d’ouvrir son cœur et de ne plus penser à ses propres intérêts. S’ouvrir aux autres et ainsi partager est une des bases pour « croire encore à l’Homme ». Chacun de nous a le pouvoir de faire en sorte que quelqu’un, quelque part, puisse encore y croire.

A. Bennani : L’Espoir d’un mendiant, n’est-ce pas espérer tout bas qui peut être décevant ?

S.C. Paule : … je ne pense pas non, les espoirs des personnes sans domicile sont faits de jours meilleurs et de plus de compréhensions, d’aides et d’écoutes.

De plus, lorsque l’on est au bas de l’échelle et que les marches paraissent inaccessibles, ce qui pourrait être décevant, c’est que personne ne vous tende la main et en ce siècle, plusieurs personnes, associations ou autre essayent de faire en sorte que demain soit plus humain.

A. Bennani : Le poème « Toi poète » me fait penser à Victor Hugo et son «hymne à la nature». Seule différence, le poète rend hommage à la nature, et vous, vous rendez hommage au poète. Qui parmi les grands poètes penchez-vous le plus?

S.C. Paule : Baudelaire, Rimbaud, Prévert. J’aime beaucoup les sonorités des poésies de Baudelaire, Les Fleurs du Mal a été le premier livre de poésie que j’ai lu. Je pense qu’il a fortement marqué ma façon d’écrire. Je préfère composer des sonnets plutôt que des poèmes en prose.

A. Bennani : J’en connais des personnes qui se sont donné comme défi d’écrire dans tous les genres littéraires. C’est quoi le vôtre ?

S.C. Paule : Etre édité en était un. Maintenant, je vais laisser le temps à ce premier recueil de « faire sa vie » et comme défi aussi, il y a celui d’écrire, et encore écrire. Et essayer de « toucher » à tous les styles littéraires, pourquoi pas, dans quelques temps. J’ai essayé de composer une nouvelle qui devrait être présente dans le second ouvrage. Nouvelle sous forme de quatrains.

A. Bennani : Les libraires déclarent qu’ils ont déjà du mal à vendre des recueils de poésie d’auteurs connus. N’est-ce pas décourageant?

S.C. Paule : Décourageant non, mais, on sait à quoi s’en tenir. En proposant de nouveaux textes, de nouveaux auteurs, on impulse au mouvement poétique une nouvelle dynamique. Je pense que si plusieurs librairies acceptaient de proposer à leur clientèle de nouveaux livres d’auteurs inconnus, cela donnerait un plus large éventail des travaux poétiques réalisé depuis plusieurs années. Les nouveaux auteurs doivent avoir la possibilité d’être lus. Certaines librairies sont favorables à ces nouveaux auteurs, cette possibilité devrait se généraliser.

A. Bennani : On sait que chacun a sa petite histoire avec la poésie. Les uns ont commencé à écrire grâce à l’amour. D’autres à cause de leur souffrance. Quelle fut la raison qui vous a amené à écrire ?

S.C. Paule : Un joli mélange en fait. Suite à une relation amoureuse (de quelques années), mes pleurs, au lieu d’être visibles sur mes joues se sont transformés en mots. Et je me suis rendu compte que plus je pleurai, plus j’écrivais. C’est là que j’ai compris que, pour faire partir des malheurs, oublier et comprendre des évènements, le simple fait de les écrire est salutaire. Déceptions, Joies, découvertes ou n’importe quoi, les retranscrire en rîmes est pour moi une chose plaisante.

A. Bennani : Et vous écriviez pour qui ?

S.C. Paule : Pour moi-même. J’essayais de comprendre les erreurs commises, comprendre pourquoi j’avais pris de mauvais chemins (qui au final n’étaient peut-être pas aussi mauvais que je le pensai), le fait d’écrire soulageait mes craintes.
Au lieu de pleurer une séparation, j’ai accueilli une passion.

A. Bennani : Avez-vous déjà contacté un éditeur traditionnel avant de connaître les éditions Mille Poètes ?

S.C. Paule : Oui, plusieurs même. Quelques unes étaient prêtes à éditer mes textes mais, ils me demandaient beaucoup trop d’argent. Certains même m’ont téléphoné pour savoir si j’avais bien reçu leurs propositions et lorsque je leur ai expliqué que je ne pouvais pas investir une somme pareille, ils m’ont de suite proposé un échelonnement sur 12 mois, avec une baisse du tarif. Ils m’ont contacté plusieurs fois en m’indiquant leurs souhaits de m’éditer. Après en avoir discuté avec plusieurs personnes et après avoir demandé des conseils sur différents forums de poésie, j’ai opté pour une édition aux côtés de Mille Poètes.

A. Bennani : Un petit commentaire avant de conclure cette entrevue ?

S.C. Paule : Je voulais une fois de plus remercier Guy Boulianne et les éditions mille Poètes pour l’excellent travail réalisé pour mon recueil et que j’ai été ravi de vous rencontrer et de faire cette entrevue avec vous. J’espère que mes écrits combleront les lecteurs et qu’ils me suivront sur les nuages du temps.

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Entrevue de Abdelouahid Bennani
poemeencours@yahoo.fr
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© Mille Poètes LLC
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Publié dans Entrevues

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